Madame la Ministre,
Depuis novembre 2011, les représentants de personnel ont fait part à la direction, lors de chaque séance de la Commission Locale de Concertation (CLC), des inquiétudes et difficultés que leur posaient la présence et la manière d’intervenir de Marie-Christine Favrot, parachutée subitement à la tête de la direction générale de la santé :
- parce qu’elle est arrivée du jour au lendemain dans cette direction, sans aucun support de poste et sans figurer sur aucun organigramme ;
- parce qu’elle a régi tout à coup tous les dossiers de la direction, décidant de tout selon son bon vouloir, souvent sans explication sur les fondements de santé publique de ses exigences ;
- parce qu’elle s’adressait à certains chargés de dossier de manière si vexatoire et méprisante, que les représentants du personnel ont dû demander que soit fait un rappel à l’ordre sur les bonnes pratiques managériales.
Le 8 décembre 2011, le secrétaire général, en présence du directeur général de la santé, répondait aux représentants syndicaux demandant pourquoi Mme Favrot ne figurait pas sur l’organigramme alors qu’elle exerçait des fonction de supervision sur les 4 sous-directions métier et qu’elle devait être détentrice de délégation de signature : « …nous sommes actuellement au milieu du gué. Les procédures de recrutement sont longues, plus particulièrement en fin d’exercice [il s’agit de l’exercice 2011]. Les ressources humaines sont donc parfois déjà en place et les situations sont en cours de finalisation. Ce qui explique pourquoi certains noms ne figurent pas encore dans l’organigramme… ». Les représentants du personnel rétorquaient en séance qu’ils trouvaient « ce fonctionnement très obscur« .
Le 29 novembre 2012, un an plus tard, les représentants syndicaux rapportaient que les agents de la DGS étaient « très surpris de cette position en matière de délégation, quand elle se fait pour des personnes qui n’ont pas été nommées par une voie officielle« , trouvant « paradoxal que le directeur général de la santé recrute des agents pour occuper des postes avant même que l’organisation nouvelle soit en place, que les textes soient adoptés et publiés« , et déplorant que le directeur général de la santé « prenne des latitudes par rapport aux textes alors qu’à des échelons hiérarchiques moins élevés, on désinvestit les agents en les empêchant d’aller à l’extérieur, de participer à la plupart des réunions […] on est peu formaliste pour la désignation de l’équipe rapprochée du DGS qui devient, hors des formes décisionnaire de tout, tandis qu’on fait valoir énormément de précautions pour le moindre déplacement d’un agent de la DGS à une réunion technique« .
Début 2013, bien que le directeur général de la santé et le secrétaire général aient reproché à plusieurs reprises aux représentants du personnel en séance de CLC de « mettre en cause nommément un agent de la DGS » lorsqu’ils évoquaient Marie-Christine Favrot, les représentants syndicaux ont insisté pour savoir où se situait Mme Favrot sur l’organigramme….La seule réponse claire de la direction a été de faire disparaître pendant plusieurs mois tout organigramme de la DGS du site intranet. Devant l’insistante écrite des représentants du personnel, un organigramme est enfin réapparu le 26 mars 2013 (à 2 jours de la séance de la CLC), daté du 1er avril 2013 (ce n’était pas un poisson d’avril !), faisant pour la première fois figurer le nom de Marie-Christine Favrot comme « chef du service politiques de santé, adjointe au directeur général » et précisant comme un « détail » entre parenthèses, plus d’un an et demi après son arrivée et son omniprésence à la DGS : « en instance de nomination« …
Le 28 mars 2013, un communiqué liminaire de la CGT à la séance de la CLC (dans lequel le secrétaire général conseilla instamment aux représentants syndicaux de la CGT de retirer le nom de Marie-Christine Favrot qui y figurait au motif que l’on n’avait pas à aborder les questions « nominativement » à la CLC), évoquait « une courroie de transmission qui n’a depuis un an et demi toujours pas d’existence officielle au sein de la DGS pour des raisons obscures sur lesquelles nous n’obtenons aucune lumière. La transparence et la clarté (en matière de gestion du personnel comme pour d’autres sujets) sont des gages de probité et de rigueur, qualités essentielles pour être à la tête d’une administration de santé publique.«
Le 24 avril 2013 un article du Canard Enchaîné titré « Vaccinée contre les conflits d’intérêts » fait état de conflits d’intérêts importants qui concerneraient « à la direction générale de la santé, une chargée de mission, Marie-Christine Favrot«
Nous n’avons aucun élément pour confirmer ou infirmer la réalité de ces conflits d’intérêts qui seraient gravissimes s’ils devaient être avérés. Sans doute, Madame la Ministre, que vous n’en avez pas non plus.
Mais au vu des demandes réitérées des représentants du personnel de la DGS à leur direction depuis plus d’un an et demi, nous avons tous les éléments pour vous demander d’ores et déjà, Madame la ministre, de mettre bon ordre dans les passe-droits et les systèmes de nomination opaques qui jettent l’opprobre et la suspicion sur toute l’administration sanitaire. Ils desservent gravement la crédibilité de tous les messages émanant du plus haut niveau de l’administration centrale et peuvent de ce fait avoir des impacts graves en matière de santé publique.